Quel est mon désir ?
Page augustinienne, n°28
Les pages augustiniennes vous aident à prier au long de l’année, grâce à des textes tirés de la grande œuvre de Saint Augustin, patron et fondateur des chanoines réguliers.
Plus l’esprit s’éloigne de Dieu, non par la distance mais par la cupidité, pour aller à des choses inférieures à Dieu, plus il s’emplit de sottise et de misère. Au contraire, l’esprit retourne à Dieu par l’amour, qui le pousse non à s’égaler à Dieu mais à se soumettre à lui. Plus l’esprit y mettra d’ardeur et d’application, plus il sera heureux et élevé : sous la seule domination de Dieu il sera parfaitement libre. C’est pourquoi l’esprit doit savoir qu’il est une créature. Il doit en effet croire en son Créateur tel qu’il est, c’est-à-dire subsistant toujours avec la nature inviolable et immuable de la vérité et de la sagesse. Et l’esprit doit confesser que lui-même peut être la proie de la sottise et de l’illusion, engendrées par les erreurs mêmes dont il désire se dépouiller. L’esprit doit encore prendre garde de ne pas être séparé de la charité divine par l’amour d’une autre créature, c’est-à-dire de ce monde sensible. Ainsi une autre créature, puisque nous aussi nous sommes créatures, ne nous sépare pas de la charité divine qui est dans le Christ Jésus Notre Seigneur.
Extrait du traité des Mœurs de l’Eglise catholique, 12, 21.
Ce texte nous rappelle que ce n’est qu’en fonction de notre désir qu’on peut juger de notre proximité ou de notre distance avec Dieu : si je désire Dieu, je suis proche de lui. Si je préfère une créature à Dieu, je m’éloigne de lui. Quel est mon désir ? Suis-je prêt à dire à Dieu que je l’aime plus que tout ? Ou au moins que j’aimerai l’aimer plus que tout et toute chose pour lui ?
Augustin nous enseigne ensuite que le bonheur et la liberté ne peuvent être que des dons de Dieu, des fruits de la proximité avec lui. Reconnaissons que, par nous-même, nous ne pouvons pas produire le bonheur auquel nous aspirons, pas plus que nous ne pouvons créer notre propre liberté. Ils sont des dons de Dieu. Ne nous trompons pas de désir : il vaut mieux aimer le donateur que ses dons !