Prenez votre croix
Page augustinienne, n°27
Les pages augustiniennes vous aident à prier au long de l’année, grâce à des textes tirés de la grande œuvre de Saint Augustin, patron et fondateur des chanoines réguliers.
Considérez combien sont sacrés ces trois jours du crucifiement, de la sépulture et de la résurrection. Ce que représente le premier de ces trois jours, celui de la croix, c’est ce que nous accomplissons dans la vie présente ; mais ce que figurent la sépulture et la résurrection, nous le préparons par la Foi et, l’Espérance. Maintenant, en effet, on dit à l’homme : « Prenez votre croix et suivez-moi. » Or la chair est crucifiée quand on mortifie les membres qui sont, sur la terre, la fornication, l’impureté, la luxure, l’avarice, et les autres vices dont l’Apôtre a dit : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais, si vous faites mourir par l’esprit les œuvres de la chair, vous vivrez ; » et en parlant de lui-même « Le monde est crucifié pour moi, et je le suis pour le monde. » Ailleurs encore : « Sachons que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que, désormais, nous ne soyons plus asservis au péché. » Ainsi tout le temps qui se passe laborieusement à détruire le corps du péché, à détruire l’homme extérieur, pour que l’homme intérieur de jour en jour se renouvelle, est le temps de la croix.
Ces œuvres sont bonnes, mais pénibles, et le repos en est la récompense : aussi, pour que la pensée de ce repos futur nous excite à travailler et à souffrir avec joie, est-il écrit « Réjouissez-vous dans l’espérance. » Cette joie est représentée par la largeur de la croix, par la traverse où les mains sont clouées. Car nous entendons par les mains les œuvres, par la largeur- la joie de celui qui travaille, puisque la tristesse resserre ; par la hauteur où touche la tête l’espoir d’une rétribution de la sublime justice de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres, en donnant la vie éternelle à ceux qui par leur persévérance dans les bonnes œuvres cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité. Aussi la longueur sur laquelle tout le corps est étendu figure la patience ; de là vient qu’on l’appelle la longanimité. Quant à l’extrémité qui fait comme la profondeur de la croix, et qui pénètre dans la terre, elle désigne la profondeur du mystère.
Extrait de la Lettre 55 à Januarius
La lettre à Januarius répond à plusieurs questions sur Pâques et les célébrations chrétiennes. Dans ce passage, saint Augustin indique quel sens donner au commandement du Christ de porter la croix. Il s’agit de renoncer avec détermination aux œuvres mauvaises. Augustin donne ici un morceau de liste de péchés donnée par saint Paul, mais il y en a d’autres.
L’homme extérieur, dénommé aussi « la chair » qu’il s’agit de faire mourir, ce sont tous les désirs qui nous portent vers le bas, tout ce qui n’est pas Dieu ou orienté vers lui.
Saint Augustin indique ensuite dans quel état d’esprit vivre ce « portement de croix » : avec joie, espérance, patience, et foi dans la grâce du Christ donnée à tout chrétien. Au fond, vivre ainsi, c’est être avec le Christ et recevoir tous les fruits de sa mort et de sa résurrection