Quand vous jeûnez, parfumez votre tête
Page augustinienne, n°29
Les pages augustiniennes vous aident à prier au long de l’année, grâce à des textes tirés de la grande œuvre de Saint Augustin, patron et fondateur des chanoines réguliers.
On demande souvent ce que signifient ces paroles : « Pour vous, quand vous jeûnez, parfumez votre tête et lavez votre visage, pour ne pas montrer aux hommes que vous jeûnez ». Car on aurait tort de nous prescrire de parfumer notre tête quand nous jeûnons, bien que nous ayons l’habitude de nous laver le visage tous les jours. Si tous conviennent que ce serait là une chose très déplacée, nous devons appliquer à l’homme intérieur cet ordre de se parfumer la tête et de se laver la figure.
Se parfumer la tête, indique la joie. Se laver la figure, marque la propreté. Par conséquent se réjouir intérieurement, par l’esprit et par la raison, c’est se parfumer la tête. Nous pouvons en effet donner le nom de tête à la faculté principale de l’âme, à celle qui règle et domine visiblement tout l’homme. Or c’est ce que fait celui qui ne cherche pas la gloire extérieure, qui ne met pas une complaisance charnelle dans les louanges des hommes. Car la chair, qui doit être sujette, n’est pas du tout la tête de toute la nature humaine. Sans doute personne n’a jamais haï sa chair, comme dit l’Apôtre, en parlant de l’amour d’un homme pour sa femme ; mais le chef de la femme c’est l’homme, et le chef de l’homme c’est le Christ. Ainsi, que celui qui veut parfumer sa tête selon l’ordre donné, se réjouisse intérieurement dans son jeûne, en tant qu’il se détourne par là des plaisirs du siècle pour se soumettre au Christ.
De cette manière il lavera sa figure, c’est-à-dire il purifiera son cœur pour voir Dieu, en écartant le voile produit par l’infirmité née de la souillure du péché. Il sera ferme et solide, parce qu’il sera pur et simple. « Lavez-vous, dit le prophète, purifiez-vous, faites disparaître vos iniquités de vos âmes et de devant mes yeux ». Nous devons donc purifier notre visage des souillures qui blessent les regards de Dieu. Car, pour nous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous serons transformés en la même image.
Extrait du commentaire sur le sermon sur la montagne.
Saint Augustin nous explique le sens des paroles du Christ que nous méditons le mercredi des Cendres, et qui guident notre Carême.
Ce qui compte, c’est l’homme intérieur, c’est-à-dire le cœur, la volonté profonde, éclairée par l’intelligence croyante. En ce sens, le cœur est appelé « tête », car il est le principe, le chef, de nos actes. Ainsi, que notre « tête », ce qui commande et domine en nous, soit pur et parfumé, que notre intériorité soit détachée du péché et odorante des bonnes actions, celles qui sont conformes à l’évangile, qui reflète les paroles du Christ. Si j’agis ainsi, mon Carême sera utile et agréable à Dieu.