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Le Christ est devenu temporel pour toi...

Page augustinienne, n° 3

Les pages augustiniennes vous aident à prier au long de l’année, grâce à des textes tirés de la grande œuvre de Saint Augustin, patron et fondateur des chanoines réguliers.

Que veux-tu ? Aimer les choses du temps et passer avec lui, ou ne pas aimer le monde et vivre éternellement avec Dieu ? Il y a danger à se laisser entraîner par le courant des choses de ce temps ; mais l’on a vu apparaître comme un arbre, sur le bord de ce fleuve rapide : c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il a pris un corps, il est mort, ressuscité et monté au ciel, il a voulu se planter en quelque sorte sur les rives du fleuve des choses terrestres. Les eaux de ce fleuve te poussent vers l’abîme ? Accroche-toi aux branches de cet arbre. L’amour du monde t’entraîne ? Embrasse fortement le Christ ; il est devenu temporel pour toi, afin de te rendre éternel ; car il est devenu temporel, de manière à demeurer lui-même éternel. Il a pris quelque chose du temps, sans rien perdre de son éternité. Pour toi, tu es né dans le temps, le péché t’a rendu temporel ; tu es devenu temporel par l’effet de tes fautes ; et lui s’est fait tel en raison de sa miséricorde, afin de te les pardonner. Lorsque deux personnes se trouvent dans la même prison, l’une en qualité de coupable, l’autre pour la visiter, quelle différence y a-t-il entre elles ? Il arrive parfois, en effet, qu’un homme entre dans une prison pour y rendre visite à son ami : on les y voit donc tous les deux en même temps ; mais quelle distance les sépare, et qu’ils sont différents l’un de l’autre ! Celui-ci s’y trouve retenu par sa faute, celui-là y a été amené par un sentiment d’humanité. Ainsi en est-il de notre condition ici-bas ; nous y étions captifs en punition de nos crimes ; la miséricorde y a fait descendre le Christ ; il s’est approché de nous pour briser nos chaînes, et non pour les river. Il a donc répandu son sang, il nous a rachetés, il a complètement changé notre avenir. Nous portons encore le fardeau de notre chair mortelle, mais nous espérons l’immortalité future ; les flots de la mer nous ballottent, mais l’ancre de l’espérance nous tient déjà fixés au port.
‘Traité sur la première épître de saint Jean’, II, 10

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